Le Cabinet du Docteur Caligari (1919)

Synopsis :
Dans une fête foraine, vers 1830, le Docteur Caligari exhibe Cesare, un somnambule. Celui-ci prédit à un étudiant, Alan, qu'il vivra jusqu'à l'aube. Il est en effet assassiné dans son lit. Son ami Francis soupçonne Caligari. La jeune fille que convoitaient Alan et Francis est enlevée par Cesare. Poursuivi, le somnambule s'écroule après avoir abandonné son fardeau. Francis poursuit Caligari qui se réfugie dans un asile de fous, dont il s'avère être le directeur...

Commentaire :
Le film, pour lequel Fritz Lang fut pressenti, ne réclama guère plus de trois semaines pour sa réalisation, qui ne bénéficia que d'un maigre budget. Pourtant, dès sa première à Berlin en 1920, Le Cabinet du Docteur Caligari eut un succès colossal qui gagna l'Amérique et la France. Le scénario confirmait la grande tradition fantastique allemande. De plus, l'intrigue se déroulait parmi des décors essentiellement constitués de toiles peintes aux géométrie expressionistes, qui sont pour beaucoup dans la fascination que ce film exerce encore aujourd'hui.


Véritable précurseur de ce que seront plus tard les films d'horreur et les thrillers psychologiques, Le Cabinet du Docteur Caligari se veut original et incomparable. Les personnages sont complexes, l'atmosphère est ambiguë, principalement due à ses décors et son côté oniriques, et le scénario vous tient en haleine du début à la fin, malgré ses quelques longueurs.

La réalisation varie entre Noir & Blanc pour les scènes de nuit, et le Sépia pour les scènes de jour. Si la caméra ne bouge pas, époque oblige, les plans sont intelligemment réfléchis et démontrent clairement le talent de Robert Wiene.

La musique d'époque peut être irritante par moments mais elle demeure attachée aux images et permet d'instaurer une atmosphère tendue et effrayante.

Les personnages sont si caricaturés et les acteurs ont un comportement si théâtral que ça en devient risible, mais ces traits collent exactement à l'ambiance du film qui se veut onirique et inquiétante.

L'histoire est tout à fait originale et inspirera nombre de thrillers psychologiques à l'avenir.

Le Docteur Caligari maintient Cesare dans un état de somnambulisme constant et lui invoque de commettre des meurtres. Mais au final, on ne sait plus qui est qui et qui fait quoi. Il y a des retournements en permanence et le spectateur ne sera pas déçu par les scènes de meurtres qui sont magnifiquement réalisées et, même si elles sont entièrement suggérées, n'ont rien à envier aux films de Hitchcock.

Bien sûr, il faut aimer suivre les sous-titrages français par-dessus les cartons en allemand, et supporter les films muets, mais moi qui n'apprécie que quelques Chaplin et Buster Keaton, je peux vous garantir que Le Cabinet du Docteur Caligari se suit sans difficulté et que l'on est plongé dans l'histoire à nos dépens. L'image est parfois dégueulasse - quoi de plus normal quand on a affaire à un long-métrage de 87 ans - mais rien d'inquiétant et les décors étranges et intriguants compensent largement.



Note : 14/20

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Killah a écrit:

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Sachant que je l'ai vu en DVD, oui je pense qu'il existe ! Et à pas cher en plus...

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Cette version est plus que correcte.

JIGSAW a écrit:

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merci, c'est vrai que c'est pas cher, des classiques en plus

Un grand classic, je l'ai a la maison, ce film est peut etre meme le plus expressioniste que je n'ai jamais vu du fait qu'on y retrouve toute les caractéristiques du genre:
_caricaturisation des personnages, exageration des mimiques.
_decors torturés, distortion exagérée des lumieres et des ombres surtout.
_atmosphere inquietante et alletante.

Tout est reunis dans le cabinet du docteur Caligari pour nous baigner dans l' univers tres stylisé des incontournables de l'epoque, et pour suciter la peur, meme si celon moi le film le plus effrayant de l'epoque reste Nosferatu.

Oui alors ça y est je l'ai vu!

Bah que dire que dire...C'est tout à fait le genre de film auquel j'aspire. Les acteurs sont surprenants, le docteur est un personnage emblématique qui aura susciter beaucoup d'admirations chez d'autres realisateurs influencés par l'expressionisme comme Tim Burton (le pinguin dans Batman par exemple interprété par Danny De Vito), les décors sortent de l'imaginaire, un travail fou là dessus qui fait tout le charme du film, précurseur du mouvement par conséquent (Le Golem viendra 2ans plus tard). On assiste à une véritable représentation d'une geometrie maladive, aux perspectives faussées, à une demesure baroque où l'atmosphère pesante du huit-clos conduit le film aux plus profondes interprétations cauchemardesques humaines.
Car en effet le film se passe le plus souvent en ville, où le docteur Caligari montre son somnambule à la fête, où les gens viennent s'interroger sur cet étrange phénomène qui n'était pas encore analyser par les scientifiques et restait source d'interrogations pour bon nombres d'individus. Déjà soulever ce thème de cette façon rend au film une dimension impecablement angoissante, rendue sombre par les maquillages outranciés du somnambule (qui est remarquablement interprété par l'acteur, saisissant au possible quand il se réveille à la fête! jamais vu une telle expression du visage aussi magistralement joué...).
L'angoisse est d'autant plus renforcé par les jeux de lumière qu'expose Wiene à travers son film, une volonté qui accentue l'aspect expressioniste pour symboliser les différentes humeurs des personnages et où la narration oblige les moments les plus inquiétants, façon d'annoncer un drame passé ou de ce qui va se passer.
On assiste donc à un véritable film original pour l'époque, qualifié d'"expressioniste" par la suite, c'est donc grâce à ce film que la notion au cinéma est née. Wiene à ensuite réalisé d'autres films mais Le Cabinet du docteur caligari reste le plus affluent de sa carrière, considéré à juste titre comme un classique.
Il faut également mentionner que Wiene à voulu modifier la fin de l'histoire pour que son film ne soit pas aussi sombre, finalement d'autres verront là un autre moyen de trouver la fin sombre (comme moi qui trouve que c'est mieux finalement) avec le docteur ricanant tel le vrai fou face au pauvre aliéné (critique envers les scientifiques ? il ne faut pas oublier que nous sommes un an après la Première Guerre...cela peut être interprété comme une méfiance face aux fantasmes dépravés des hommes de la science). Bref, un grand film à voir au moins une fois dans sa vie (ou une centaine comem vous voulez si vous aimes le ciné expressioniste comme moi) qui à certes malheureusement, si ce n'est la seule petite chose négative, certes assez vieillie, mais ne vous fiez pas qu'à cela, car ce film est une véritbale inspiration pour une génération de réalisateurs, Burton en tête.

Réalisation : 5/5
Histoire : 4,5/5
Acteurs : 5/5
Musique : 4,5/5

Note : 19/20