Rage (Rabid) – 1976 Écrit & Réalisé par
David CronenbergMusique d’
Ivan ReitmanAvec
Marilyn Chambers, Frank Moore, Joe Silver, Howard Ryshpan, Patricia Gage, Susan Roman, J. Roger Periard, Lynne DeragonAlors à l’aube de sa carrière,
David Cronenberg n’a pas besoin d’aller plus loin pour nous convaincre de son talent et de sa créativité. Même s’il ne se montre pas aussi retentissant que
Videodrome, Rage n’en porte pas moins l’empreinte du cinéaste canadien. En effet,
Cronenberg injecte à son œuvre cette manière de filmer presque naturelle, détachée de tout artifice, et pourtant troublante ; dont les passages tournés caméra à l’épaule ou en plans fixes soulignent la simplicité et captivent tous les sens du spectateur, par la même occasion. Mais le score musical d’
Ivan Reitman n’est pas non-plus étranger à l’affaire. Par des thématiques lourdes, des mélodies prenantes, et des partitions plus « expérimentales » (sons stridents, larsen, battements de cœur),
Reitman fait monter la tension crescendo et manipule les nerfs de l’audience à sa guise.
Outre ces particularités techniques – faisant tout le charme des œuvres de
David Cronenberg –, c’est bien dans son approche scénaristique que l’auteur appose sa marque. De l’influence de la psychanalyse freudienne (se retrouvant, notamment, à travers les orifices cloacaux poussant sur le corps de la protagoniste, desquels s’extirpent des organes phalliques et agressifs) à la formation en médecine du réalisateur (valant au métrage une solide connotation scientifique ainsi qu’une réalisation froide et clinique),
Rage se distingue radicalement des films d’horreur ou de zombies de l’époque. Au fond, cette histoire de zombies-vampires et de pandémie virale paraît presque secondaire à la dénonciation (en avance sur son temps !) de l’obsession et la dangerosité de la chirurgie esthétique. À l’image de
La Mouche et de
The Brood,
Cronenberg se sert de
Rage pour étudier les thèmes (kafkaïens) de la métamorphose et de la détérioration psychologique de la personne atteinte.
Sans être inoubliables, les acteurs mis en scène participent activement au réalisme et à la puissance de l’œuvre. Spécialement
Marilyn Chambers, contournant la caricature et optant pour une approche plus cohérente, plus humaine de son personnage. Après, il faut reconnaître que certains aspects du métrage ont pris un coup de vieux. Comme ces zombies tirant d’improbables moues pour simuler la folie meurtrière. Ou ces retournements un brin obsolètes, parcourant le récit (la femme infectée surgissant du placard, par exemple). Toutefois, ces défauts minimes se montrent bien insuffisants pour entraver l’appréciation du film.
Rage n’est pas un chef-d’œuvre, c’est certain, simplement une œuvre intéressante et réussie au sein de la filmographie de
David Cronenberg.
Petit clin d'oeil au chef-d'oeuvre de Brian de Palma
...Réalisation : 3.5/5
Histoire : 3.5/5
Acteurs : 3.5/5
Musique : 4.5/5Note : 15/20