MONDO CANNIBALE (1981)INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANSÉcrit & Réalisé par
Jess FrancoMusique de
Roberto PregadioAvec
Al Cliver, Sabrina Siani, Yerome Foulon, Candy Coster, Shirley Knight, Anouska, Oliver Mathot, Antony Mayans Assistant au succès de la
cannibal-exploitation et plus particulièrement du
mondo – consistant à mélanger exotisme, érotisme et cannibalisme –,
Jess Franco nous pond
Mondo Cannibale, alias
Mondo Cannibal, Barbarian Goddess, Inferno Kannibalen, White Cannibal Queen ou encore
Canibals (mais où va-t-il chercher tous ses titres ?). Et chacun pourra y reconnaître l’empreinte du maître du navet lourdingue et du nanard miteux ! Image floue et tressautant à longueur de temps. Mise en scène approximative (les cannibales sortent de l’eau sans être mouillés !). Combats au corps à corps ringardisés et mal chorégraphiés. Réutilisation abusive des mêmes plans. Photographie inexistante. Cadrages et zooms mal maîtrisés. Musique ultra kitsch, anéantissant le peu de tension suscitée par le visuel. Complétez le tableau par des acteurs aux expressions fausses. Un récit ayant tendance à s’automutiler via des discours fades et un rythme léthargique. Des personnages réduits à l’état de stéréotypes scandaleux, dont un couple bourgeois irritant, des cannibales au visage peinturluré de couleurs fluos, au dialecte ridicule (baragouinant n’importe quoi pourvu que ça fasse sauvage !), gesticulant comme des dindes pour faire semblant de danser. Bref, du
Jess Franco authentique, de même niveau que
Terreur Cannibale – avec lequel il partage, d'ailleurs, plus d’un point commun !
Seulement, il serait inique de classer
Mondo Cannibale parmi les autres merdes de
Jess Franco du style de
L’Abîme des Morts-Vivants. En effet, il ne faudrait pas omettre que
Franco fait ici preuve d’une approche crue, malsaine, presque insoutenable, du cannibalisme et du viol collectif – quoique les scènes concernées soient étirées à outrance. Contrairement à ce que l’on était en droit d’attendre (d’appréhender ?),
Franco ne vise pas le surplus de gore ou de sexe mais parvient à doser, de manière plus ou moins efficace, un tel contenu. Plus surprenant encore, le réalisateur ibérique signe des plans relativement soignés tels que ces passages où le « cinéaste » (un bien grand mot dans ce cas-ci) alterne différents grains de pellicules pour accroître le malaise du spectateur. Même
Al Cliver, l’acteur principal, se montre tout à fait convenable. Et, entre deux morceaux kitsch,
Roberto Pregadio insuffle à la bande originale quelques tonalités expérimentales non négligeables.
Avec un travail plus élaboré, un amateurisme moins handicapant, et un peu plus de moyens, le film de
Jess Franco aurait très bien pu figurer aux côtés des réussites de la
cannibal-exploitation. Pour l’heure,
Mondo Cannibale est
presque recevable, grâce à des acteurs
presque convaincants, une histoire
presque intéressante, et une réalisation
presque acceptable. Ce qui lui vaut
presque la moyenne…
Note : 8.5/20