La Mort dans la Peau
(The Bourne Supremacy) – 2004 Réalisé par
Paul GreengrassÉcrit par
Tony GilroyD’après le roman de
Robert LudlumMusique de
John PowellAvec
Matt Damon, Brian Cox, Franka Potente, Julia Stiles, Joan Allen, Karl Urban, Gabriel MannSynopsis :Souffrant d’amnésie, Bourne a laissé derrière lui un passé violent et mène désormais une vie tranquille avec sa compagne Marie. Malheureusement, ses projets de vie paisible se trouvent sérieusement compromis quand un tueur mystérieux retrouve leur trace. Mais Bourne est loin d’être une cible facile et ses ennemis vont vite comprendre qu’il est un homme dont les facultés et la détermination ne doivent pas être sous-estimées…Pouvait-on aboutir à une suite à la hauteur une fois la surprise, créée par
La Mémoire dans la Peau, tarie ? Difficile de répondre à une telle interrogation tant
The Bourne Supremacy (traduit bêtement par
La Mort dans la Peau) nous laisse le cul entre deux chaises. Disons que la sphère technique se trouve modifiée en profondeur (
Doug Liman remplacé par
Paul Greengrass ;
Tony Gilroy se retrouvant seul face au scénario) et que de tels changements jouent considérablement sur la qualité de l’épisode. Notamment en ce qui concerne son intrigue. Non pas que cette dernière manque d’intérêt, bien au contraire ! Mais plutôt qu’elle manque de fidélité à l’œuvre de
Doug Liman. En effet,
The Bourne Supremacy ressemble plus à un film d’espionnage classique, ou à une simple transition entre
La Mémoire… et
La Vengeance dans la Peau, qu’à une suite digne de ce nom. L’histoire peine à démarrer véritablement – il faut attendre pas moins d’une demi-heure avant de retrouver l’esprit du précédent opus – et s’avère somme toute assez répétitive (un affrontement, un meurtre, de l’espionnage ; puis un nouvel affrontement, un nouveau meurtre, etc.). Qui plus est, le scénariste s’encombre volontiers d’exagérations ou d’incohérences monumentales. Comme le passage où Jason reste plusieurs minutes sous l’eau sans jamais manquer d’air, alors qu’il tente de ranimer quelqu’un ; ou celui où il se prend une balle dans l’épaule mais réussit à conduire et à courir sans problème…
En même temps, une modification de ce type ne comporte pas que des mauvais points. Elle permet aussi à Jason Bourne de redevenir l’homme solitaire des débuts, de s’affirmer comme un personnage plus violent, plus dur physiquement et moralement (la discussion « musclée » entre Jason et Nicky en est un bel exemple). De même, le script de
Tony Gilroy réserve quelques belles séquences. Telles que la course-poursuite dans les rues de Moscou, le combat brutal opposant Bourne à un autre agent, le flash-back nous replongeant au temps où le protagoniste était un tueur au service du gouvernement, ou la confrontation (émouvante) entre Jason et la fille d’un homme politique qu’il a abattu quelques années auparavant. De surcroît,
Gilroy fait voyager le spectateur à travers le monde entier : Inde, Allemagne, Italie, Angleterre, Pays-Bas, Russie… En déplaçant l’action dans des pays différents, le scénariste évite à
The Bourne Supremacy de trop s’essouffler (bien que le produit final ne suffise pas pour couvrir tous les frais).
Mais l’on pourrait s’avouer aussi dubitatif quant à la réalisation de
Paul Greengrass (manquant sérieusement de personnalité, signant des séquences moins intenses et moins impressionnantes que celles de
La Mémoire dans la Peau) et au casting mis en scène. Si
Matt Damon se montre encore plus professionnel et convaincant que dans le volume précédent, et si les actrices
Julia Stiles (Nicky) et
Joan Allen (Pamela Landy) s’en sortent admirablement bien ; on ne peut pas en dire autant de
Brian Cox (trop à côté de la plaque) et de
Franka Potente (sous-exploitée).
À bien y regarder, le réel point fort de
The Bourne Supremacy revient incontestablement au score de
John Powell. Lui qui faisait montre de partitions discrètes dans le premier volet, nous convie ici à un thème principal développé à sa juste valeur et agrémenté de compositions pouvant se révéler aussi entraînantes que glaçantes. L’évolution est telle que la bande-son de
La Mémoire dans la Peau pourrait passer pour une simple ébauche de son successeur.
En fin de compte, ce 2e chapitre, plutôt moyen, n’arrive pas à la cheville de son aîné (et encore moins à celle de son cadet !).
The Bourne Supremacy n’est pas une mauvaise suite, loin de là. Mais le fond comme la forme s’écartent un peu trop de ce qui faisait le charme du film de
Doug Liman. Au final, cette séquelle est à la trilogie
Bourne ce que
SAW II est à la saga de
Wan et
Whannell, à savoir une transition logique, maladroite mais nécessaire, entre les opus 1 et 3.
Musique : 4/5
Scénario : 3.5/5
Réalisation : 3.5/5
Acteurs : 3.5/5NOTE : 14.5/20