JIGSAW
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| Sujet: Le Festin Nu (1991) Mer 19 Sep - 10:39 | |
| Le Festin Nu (Naked Lunch) – 1991Écrit & Réalisé par David CronenbergD’après le roman de William S. BurroughsMusique d’ Howard ShoreAvec Peter Weller, Judy Davis, Ian Holm, Julian Sands, Monique Mercure, Nicholas Campbell, Michael Zelniker, Robert A. Silverman, Roy Scheider Entre Videodrome et eXistenZ, David Cronenberg nous dessert ce qui constitue sans doute son plus grand délire psychotique à ce jour. Mais s’il est le plus grand, il ne correspond pas pour autant à son meilleur. Eh oui, un tel parti pris – imposer son art coûte que coûte – est à double tranchant. D’un côté, on ne peut qu’être désappointer par cette histoire délirante (au sens propre du terme), perdue entre l’onirisme et la paraphrénie, au sein de laquelle William Lee voit en ses machines à écrire des agents à l’apparence de coprophages, poussant l’homme à investiguer sur la conspiration en cours et à ébranler leur société rivale, Interzone Incorporated. D’un autre, le scénario se dégage de tant de logique, de rationalité et de cohérence qu’il en devient confus, abscons, décousu et bien souvent ridicule. En effet, difficile de ne pas sourire face à ces machines vivantes en train de souffrir ou ces espèces d’Extraterrestres humanoïdes dont on exploite le sperme illégalement. Bref, Cronenberg hésite perpétuellement entre premier degré (suscitant ainsi presque autant d’horreur que de ringardise) et second degré (où l’on rit tout de même modestement), ce qui confère au Festin Nu un effet casse-gueule assez désagréable. Heureusement, tout fan trouvera consolation dans la photographie soignée (rendant le climat d’autant plus étouffant et malsain) et la flopée d’acteurs sidérants ( Peter Weller plus sombre que jamais, Judy Davis parfaite en junky, Robert Silverman tout bonnement excellent) parcourant l’œuvre de Cronenberg. Comme de coutume, le score d’ Howard Shore a de quoi laisser perplexe : accroissant la bizarrerie et l’ambiguïté du script – par des accroches expérimentales déstabilisantes – d’une part ; et aggravant notre ennui – via un thème jazzy réitéré à longueur de temps – d’autre part. Pour résumer, David Cronenberg pousse peut-être la limite de l’acceptable un peu trop loin. Le spectateur a tendance à s’égarer au milieu de ce scénario bordélique, vomissant sur la logique et les conventions pour mieux s’accaparer l’aspect d’un cauchemar éveillé. En contrepartie, Le Festin Nu permet également de retrouver les obsessions et leitmotivs d’un cinéaste marginal : formes phalliques s’extrayant d’un orifice mi-organique mi-mécanique, cafards géants s’exprimant à l’aide d’un cloaque dorsal, symboles psychosexuels omniprésents, thématique de la transformation, etc. Seulement, cette superbe forme se voit bien souvent entravée par un fond chaotique. Mais vous, quel est votre avis concernant Le Festin Nu ? Note : 11.5/20 | |
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