Freddy 6 – La Fin de Freddy (L’Ultime Cauchemar)
(Freddy’s Dead – The Final Nightmare) – 1991 Réalisé par
Rachel TalalayÉcrit par
Michael de LucaD’après une histoire de
Rachel TalalayMusique de
Brian MayAvec
Robert Englund, Lisa Zane, Shon Greenblatt, Lezlie Deane, Ricky Dean Logan, Breckin Meyer, Yaphet Kotto Avec ce 6e volet,
Rachel Talalay clame haut et fort que Freddy Krueger n’est plus le croque-mitaine d’avant. Désormais rendu au stade de guignol déluré, le tueur cauchemardesque enchaîne les gags à tour de bras, au détriment de scènes angoissantes ou répugnantes. Si une telle infidélité au personnage créé par
Craven a de quoi écœurer le fan de toujours, il faut aussi reconnaître au script de
Michael de Luca une certaine efficacité en terme de comédie horrifique décomplexée. Mais pas uniquement. En effet, bien que l’épisode prenne souvent des allures de cartoon (le trip « coloré » du hippie, la séquence du jeu vidéo, la ville transformée en labyrinthe, le Best-of-Freddy final) ou verse dans l’autodérision (Freddy énumérant toutes ses morts et hissant – indirectement – les producteurs de la saga au rang de « créateurs de rêves »),
L’Ultime Cauchemar est également l’occasion de fouiller (avec brio) le passé de Freddy Krueger. Du temps où il n’était qu’un enfant cruel (on le voit écrabouiller une gerbille à l’aide d’un maillet) au jour de sa « crémation » par les parents de la ville ; en passant par son premier meurtre commis à l’adolescence, et sa vie de père de famille. À elle seule, cette esquisse de préquelle nous rappelle pourquoi
Freddy 6 est essentiel à la série
Elm Street.
Mais qui dit essentiel ne signifie pas nécessairement parfait. Comme le prouve ce script parfois maladroit et incohérent au cours de son évolution (les rêves envahissent la réalité, sans raison fiable), ou cette dernière partie branlante, accusant elle aussi un certain laxisme en matière de logique. Qui plus est, l’histoire a beau se démarquer de ses prédécesseurs, elle ne ressemble pas moins à d’autres films d’horreur. Tels que le
Chapitre 5 de la saga
Vendredi 13 (
Une Nouvelle Terreur) pour son institut d’adolescents troublés ; ou un
Démons du Maïs inversé, dans lequel la ville serait désertée par les enfants, et non plus les parents. Mais la contribution de
Rachel Talalay à l’ouvrage modifie considérablement la donne. La réalisatrice faisant preuve d’une mise en scène implacable, calculée au millimètre près, qu’elle adjoint à une tenue de caméra énergique et toujours créative (voir les fabuleux plans-séquences à l’intérieur de la maison, ou encore la scène du malentendant, passant de silencieuse à assourdissante !). Ce, en dépit d’un montage parfois brouillon, et d’acteurs au jeu modeste. On relèvera également une bande-son inégale, délaissant (enfin) les compositions kitsch des volumes précédents pour s’atteler à des ambiances horrifiques mélodieuses, mais aussi à des morceaux pop-rock intermittents de qualité relative.
Au final,
Freddy 6 marque le point d’orgue d’une saga en perpétuel changement. Si l’on ne peut que regretter un tournant aussi radical, il inculque aussi à la saga une brise de fraîcheur bienvenue.
L’Ultime Cauchemar n’est pas le pire épisode, encore moins le meilleur, mais forme un divertissement recevable, autant pour ses séquences cartoonesques que pour sa partie préquelle.
Il passe bien à l'écran ton filin de sécurité, Robert
!