OXYGEN (1999) INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANSÉcrit & Réalisé par
Richard ShepardMusique de
Rolfe KentAvec
Maura Tierney, Adrien Brody, James Naughton, Laila Robins, Paul Calderon, Olek Krupa, Dylan Baker, Terry KinneyAvant que
Maura Tierney ne passe d’infirmière à docteur au sein de son service des
Urgences, et avant qu’
Adrien Brody n’atteigne le point culminant de sa carrière – à travers son rôle de
Pianiste –, tous deux s’affrontaient (intellectuellement et physiquement parlant) dans un thriller tendu du nom d’
Oxygen, passé relativement inaperçu au moment de sa sortie pour des raisons plus ou moins compréhensibles. En effet, il paraît aussi impossible de passer à côté de la sensation de malaise qu’apporte le film de
Richard Shepard, que de dissimuler les clichés dont il s’embarrasse au fil du récit. Alors que la première partie promettait une œuvre claustrophobique sans ambages, pimentée de plans introspectifs (la scène des toilettes), de personnages complexes (l’inspectrice, le kidnapper, l’amant de Madeline), de plans-séquence filmés caméra à l’épaule pour en accroître le réalisme (la poursuite dans le métro).
Oxygen se voit, à mi-parcours, percuté de plein fouet par une filature en bagnole tellement poussive qu’elle en devient presque ringarde, anéantissant par ce biais la tension précédemment installée.
Ce, avant que l’œuvre ne laisse définitivement place à un thriller convenu et bourré d’exagérations :
- Spoiler:
- Comment Harry parvient-il à hisser Madeline hors de la salle d’interrogatoire ? Il semble vain de forcer un inspecteur de police à grimper à une corde contre son gré…
- Comment Harry (encore lui !) a-t-il réussi à s’introduire dans le commissariat pour y repeindre les cloisons ? Il y a fort à parier que cette tâche ne revient pas au premier volontaire venu, surtout quand ce dernier a fait de la prison auparavant !
- Comment Harry (décidément !) a-t-il pu insérer une épingle sous l’ongle de son pouce sans se l’arracher au préalable ?
- Enfin, il paraît douteux qu’une personne puisse rester enfermée sous terre pendant plus de 24 heures, jouer la morte, puis surgir furtivement de son isolement en frappant son agresseur, avant de courir et parler comme si elle n’avait pas été privée d’eau, de lumière et de nourriture…
Par conséquent,
Oxygen perd vite de son impact et de son intérêt. Ceci dit, il en faudrait plus pour le priver de tout attrait. Outre sa première demi-heure percutante, la bande de
Richard Shepard tire sans cesse profit des acteurs qui la composent. De
Maura Tierney, éclatante de talent. À
Adrien Brody, parfait en salopard tordu, sado-masochiste et immoral. En passant par
Terry Kinney, frappant par tant de naturel. De surcroît, notons un score admirable, installant l’angoisse dans l’esprit du spectateur autant par ses thèmes nerveux que par ses longs silences.
Avec un développement moins classique et (surtout) moins tiré par les cheveux,
Oxygen aurait très bien pu devenir l’un des meilleurs thrillers sur la claustrophobie – si ce n’est
le meilleur. Au bout du compte, ce qui s’annonçait comme une rude épreuve pour les nerfs ne dépasse guère le stade de simple divertissement. On aurait souhaité mieux au film de
Richard Shepard. Mais qu’importe ! Sa vision s’avère loin d’être désagréable et réserve des passages très intenses (dont une séquestration d’une extrême froideur ainsi qu’un auto-arrachage d’ongle). Et vous ? Vu ? Pas Vu ? Déjà entendu parler ? Pas envie de le voir ?
Note : 14/20