CREEP –
2004 Le début commence fort avec les cris et les apparitions furtives d’une femme en fuite. Puis vient la discussion sur les différentes odeurs de merde entre les deux égoutiers. Un début qui vous colle direct dans l’ambiance avant de vous intégrer à l’histoire de la perso principale campée par Franka Potente (alias
Pola dans
Anatomie, alias petite amie de
Matt Damon dans
La Mémoire dans la Peau).
La femme se retrouve coincée dans le métro (une angoisse typiquement londonienne) et doit échapper à d’étranges personnages : d’abord son collègue qui tente de la violer, puis un tueur fou qui tente, quant à lui, de la découper en rondelles. S’ensuivent des poursuites interminables dans les décors glauques et pourrissants des égouts, avec un tueur en série à l’apparence d’un rat.
SPOILER : Jusqu’au final où l’héroïne « accroche » le tueur et qu’il se fait emporter par le métro. : SPOILERCREEP est un thriller psychologique qui vous tient en haleine durant 1h30 non-stop. On ne se contente pas de refourguer un tueur sans âme, non le meurtrier possède un physique particulier et une personnalité fouillée, faisant de lui un personnage troublant et effrayant. Pervers, malin, hideux, psychotique, le tueur de
CREEP est horrible mais terriblement réaliste. La scène où il enfonce la scie dans le vagin de la fille, bien que suggérée, peut paraître difficile à supporter et on ne peut s’empêcher d’évacuer des relents de dégoût. Cette scène est, bien entendu, très symbolique : le tueur évacue ses pulsions sexuelles via les crimes et les tortures, nous expose sa vision de la sexualité et de l’accouchement, et l’on peut supposer qu’il se représente, par ce geste, la manière dont il est venu au monde, s’expliquant ainsi son aspect abjecte.
Contrairement à certaines productions,
CREEP nous explique le passé du tueur en série, le pourquoi et le comment de son apparence, ses aïeux… Et le film en profite alors non pas pour l’excuser ou le comprendre, mais pour faire de lui un personnage plus vicieux et machiavélique, puisqu’il va se servir de la compassion du perso de
Franka Potente pour l’avoir.
La réalisation est sans défaut. Ce côté «
à l’arrache » que nous procure le réalisateur convient parfaitement au film, renforçant la claustrophobie et l’aspect réaliste de
CREEP. Par cette réalisation, on oublie les décors surpeuplés de monde du métro, pour se plonger dans un univers angoissant, de plus en plus macabre, sombre et sordide.
La musique n’est pas exceptionnelle mais soutient l’image de tout temps, et accentue sans difficulté notre sentiment de malaise.
Les personnages sont peu nombreux, mais on s’attache, de ce fait, beaucoup plus à eux, particulièrement au perso de
Franka Potente, évoluant en même temps que nous dans un univers inconnu. Comme dit précédemment, le tueur est doté d’une vraie personnalité et les auteurs ne se contentent pas de nous balancer un simple cliché de tueur en série du dimanche. De son aspect dégueu, d’emblée, nous mourrons d’envie d’en finir avec lui, et le développement de son histoire et la vision de son comportement confortent cette envie. Le tueur de
CREEP est le genre de personnage sur lequel on ne voudrait absolument pas tomber, et encore moins au milieu de la nuit dans un métro condamné…
L’histoire ressemble à beaucoup d’autres : un huis clos dans un endroit écœurant, un tueur psychotique et moche en prime, des personnages secondaires qui ne feront pas longue vie, une héroïne progressant à tâtons… Mais
CREEP est d’une telle intensité que les éléments basiques de l’histoire passent outre, et qu’on entre dans le jeu dès les premières secondes du film.
En résumé,
CREEP est un très bon thriller horrifique que je ne peux que conseiller à tout un chacun, mais qui risque d’écœurer les âmes sensibles, surtout si elles sont en train de manger en même temps (et je sais de quoi je parle…).
Réalisation : 4/5
Musique : 3/5
Personnages/Acteurs : 4/5
Histoire/Scénario : 4/5Note : 15/20