RoboCop 2 (1990) Réalisé par
Irvin KershnerÉcrit par
Frank Miller & Walon GreenD’après une histoire de
Frank MillerMusique de
Leonard RosenmanAvec
Peter Weller, Nancy Allen, Daniel O’Herlihy, Tom Noonan, Belinda Bauer, Gabriel DamonSynopsis :Detroit sombre de plus en plus vers le chaos et la confusion. Alors que la police se met en grève, une nouvelle drogue appelée Nuke déferle sur la ville et provoque une vague de violence sans précédent. Seul RoboCop semble capable d’enrayer ce processus. Mais, dans l’ombre, un autre cyborg ultra sophistiqué, doublé d’un être psychotique incontrôlable, se prépare à mettre en pratique son unique directive : éliminer RoboCop.Paul Verhoeven abandonnant le navire, l’on pouvait craindre le pire concernant cette suite. Et pourtant,
RoboCop 2 se trouve être une excellente séquelle, allant même jusqu’à surpasser son prédécesseur. Il faut dire que l’histoire n’est pas tombée non-plus dans les mains de n’importe qui. Entre un
Irvin Kershner à la barre (réalisateur de
L’Empire Contre-Attaque) et un
Frank Miller au tableau de bord (auteur de
300 et de
Sin City, entre autres), autant affirmer d’emblée que le paquebot était loin de se taper le premier iceberg venu…
Kershner a beau ne pas posséder la réalisation troublante de
Verhoeven, le cinéaste n’en profite pas moins pour corriger les erreurs de mise en scène de ce dernier (la gestuelle et les expressions de RoboCop perdent de leur caricature) et border l’édifice d’effets spéciaux fort convaincants – bien qu’un tantinet désuets de nos jours (superposition d’images, utilisation de maquettes miniatures, etc.).
Ayant été sensible à la satire socio-politique du premier épisode,
Frank Miller poursuit en toute logique la critique menée contre cette société corrompue, malmenée, obnubilée par l’argent et le pouvoir, conditionnée par des media sans pitié ni scrupule (voir ces fausses pubs d’un impact dévastateur et d’un humour noir poussé à son paroxysme !), en proie à un nouveau fléau : le Nuke, drogue bon marché de qualité supérieure, attirant les plus démunis, et vue comme aussi nocive qu’une bouteille d’alcool ou qu’un paquet de cigarettes. Tout en perpétuant cette satire sociale retentissante,
Frank Miller et
Walon Green ne perdent pas de vue l’esprit de la série pour autant. Ainsi,
RoboCop 2 est également l’occasion de réfléchir sur la barrière labile qu’il existe entre Homme et Machine – Murphy devant renoncer à l’amour qu’il porte à son (ex)femme et s’accepter en tant que cyborg, non-plus comme un homme. Outre RoboCop – affublé d’une VO abominable et de bruitages plutôt moyens, soit dit en passant –, ce second volet approfondit l’aspect psychologique (et torturé) du passage d’humain à robot : privé de son corps et de ses attributs virils, l’homme fait de la violence et de la puissance ses seules échappatoires, le conduisant, de ce fait, directement à l’autodestruction.
Doté d’un casting irréprochable –
Peter Weller (plus professionnel que dans le
RoboCop précédent),
Nancy Allen (fidèle au personnage de Lewis),
Tom Noonan (habitué aux rôles d’enflures),
Gabriel Damon (jeune acteur à l’étoffe d’un grand),
Belinda Bauer (terrible en « robopsychologue » pourrie jusqu'à la moelle) – et d’un score musical bien plus prenant que celui de
Basil Poledouris (mais pâtissant d’un remix ridicule du thème central, via des chœurs scandant des « RoboCop » franchement ringards), le métrage d’
Irvin Kershner dépasse agréablement nos attentes, perdant en gore ce qu’il gagne en profondeur et en puissance. Sans s’extirper de toute faiblesse,
RoboCop 2 va plus loin que le film original et emporte son public dans la foulée. Et vous, avez-vous déjà visionné cette suite ? Qu’en avez-vous pensé ?
Note : 16/20