ISOLATION (2005)INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANSÉcrit & Réalisé par
Billy O’BrienMusique d’
Adrian JohnstonAvec
John Lynch, Ruth Negga, Sean Harris, Essie Davis, Marcel Iures, Stanley TownsendSynopsis :Au cœur d’une ferme isolée, Dan, éleveur, et Orla, vétérinaire, sont les complices involontaires d’une expérience génétique menée sur des bovins. Très vite, la situation devient incontrôlable et vire au cauchemar… Passé relativement inaperçu lors de sa sortie en salles, le métrage de
Billy O’Brien a pourtant l’étoffe d’un grand. Jouissant d’une ambiance poisseuse et glauque à souhait – que les paysages lugubres de la campagne irlandaise amplifient considérablement –,
Isolation s'impose comme un huis-clos étouffant et éprouvant pour les nerfs. Il est vrai que le concept de départ ne brille pas d’originalité et que le développement évoque irrémédiablement
Alien (les œufs de la génisse),
The Thing (l’enfermement dans un espace ouvert) ou encore le
Director’s Cut d’
Alien 3 (la naissance des créatures par mutation des gênes bovins, le sacrifice du protagoniste). Ceci dit, par son cadre et son réalisme,
Isolation parvient sans mal à se démarquer de telles références pour trouver son identité propre. En dépit de dialogues parfois simplistes (que la VF a su corriger avec intelligence), d’incohérences notables (le parasite capable de respirer sous l’eau !) et d’un twist convenu, le scénario d’
O’Brien fait preuve d’une indéniable efficacité, nous immisçant progressivement au sein d’un climat de plus en plus instable et menaçant. Sans compter sur les séquences cradingues, angoissantes et relativement gore dont
Isolation fait foi – notamment via cette exécution finale d’une extrême sauvagerie.
Dans un souci de réalisme,
Billy O’Brien délaisse tout artifice en matière de réalisation. Filmé caméra à l’épaule,
Isolation fait du spectateur son témoin direct, assistant impuissant au déroulement des événements. Bien entendu, un tel parti pris possède aussi son lot de faiblesses : des plans parfois flous, une image qui a tendance à trembler un peu trop, des scènes sévèrement censurées… Cependant, le cinéaste réussit à contrebalancer ces menues imperfections par un Scope froid, presque glacial, et des prises de vue originales, toujours parfaitement calculées.
L’autre point fort du film revient sans conteste à son casting. Terriblement naturels, les acteurs confèrent à leur personnage respectif toute la simplicité et toute l’humanité requises. De
John Lynch (en fermier touchant) à
Ruth Negga (fustigeant le rôle de
scream-queen que l’on était en droit d’appréhender), en passant par
Sean Harris (Jamie),
Essie Davis (Orla) ainsi que
Marcel Iures (John). Tous font preuve d’une performance impeccable et bougrement convaincante.
Enfin, saluons le score ronflant d’
Adrian Johnston. Avec maestria, le compositeur choisit d’instaurer des silences pesants aux moments cruciaux de l’action, là où d’autres auraient fait exploser leur trame sonore pour jouer la carte de l’effroi. Ici, les thématiques lourdes et oppressantes accompagnent les périodes d’accalmie, comme pour signaler à l’audience qu’un danger invisible, sournois, guette les protagonistes à tout moment.
En conclusion,
Isolation n’est autre que l’un des meilleurs films d’horreur de cette décennie. Et laisse à penser que le cinéma de genre irlandais a encore de belles années devant lui. Malgré deux Prix raflés au festival Gérardmer, le métrage de
Billy O’Brien mérite d’être réévalué à sa juste valeur. Si vous ne l’avez pas encore visionné, courez le découvrir !
Réalisation : 4/5
Histoire : 3.5/5
Acteurs : 4.5/5
Musique : 5/5Note : 17/20