Antibodies (Antikörper) - 2005 Écrit & Réalisé par
Christian AlvartMusique de
Michl BritschAvec
Wotan Wilke Möhring, André Hennicke, Heinz Hoenig, Ulrike Krumbiegel, Hauke Diekamp, Jürgen Schornagel, Nina Proll, Hans Diehl, Norman ReedusÀ mi-parcours entre
Le Silence des Agneaux et
EvilEnko,
Antibodies se veut une approche macabre et sans concession de la pédophilie. L’histoire a beau n’innover en rien – un flic de campagne devient l’interlocuteur privilégié d’un pédophile monstrueux récemment arrêté –,
Antibodies jouit d’une réalisation magnifique, à la mise en scène finement calculée et à la photographie impeccable. Qui plus est, le scénario – aussi anodin soit-il – a le culot d’explorer les tortures aussi bien psychologiques (la lente insinuation de l’esprit du tueur dans celui du policier, l’emprise exercée sur les victimes) que physiques (quoique heureusement très suggérées) subies par les proies du pédophile. Dans un plaisir coupable,
Antibodies nous rappelle chaleureusement les échanges entre
Edward Norton et
Anthony Hopkins de
Dragon Rouge – d’ailleurs,
Christian Alvart se permet un clin d’œil explicite à l’œuvre de
Thomas Harris, au moment où le flic se trouve, pour la première fois, nez à nez avec le tueur emprisonné, et où ce dernier s’exclame : « Vous vous attendiez à qui ? Hannibal Lecter ? ».
Mais, si l’intrigue met en place un thriller palpitant aux retournements fort bien construits,
Antibodies révèle des faiblesses majeures dans le message religieux qu’il transmet. Autant une telle approche permet d’instaurer une nette dichotomie entre les deux personnages principaux (le flic introverti, marié, bon père de famille, et catholique ; et le tueur pédophile, immoral, et athée) et d’exposer la transformation latente du flic de campagne (influencé par les dires de l’interlocuteur emprisonné), autant elle vient ruiner le sérieux de l’affaire pour faire de certaines scènes capitales des séquences hautement pathétiques (la prière et l’auto-flagellation du policier, le cri présent dans le final) ou pour amoindrir l’impact du propos et donc en faire un film plutôt gentillet, faisant les yeux doux à l’Église. Dommage.
Néanmoins, l’on retiendra une performance d’acteurs remarquable. Notamment en ce qui concerne
André Hennicke dans la peau de ce tueur pédophile, profondément malsain (il se branle en racontant comment il a violé puis éventré un jeune garçon). Malgré un aspect cucul-la-praline sous-jacent (dû à un personnage trop croyant pour ne pas paraître ridicule),
Wotan Wilke Möhring dépose là une prestation des plus convaincantes, faisant honneur à la « descente aux enfers » (le terme est de rigueur) de son rôle. Saluons également les apparitions de
Heinz Hoenig, conférant à son personnage (un inspecteur arrogant et vicieux) toute l’antipathie requise.
Michl Britsch, de son côté, fait montre d’une bande originale inégale. Versant autant dans le score trépidant et captivant, que dans des musiques secondaires moins appropriées (dont des touches de techno et d’électro).
Imparfait certes,
Antibodies n’en reste pas moins un thriller prenant et suffisamment bien écrit pour ne pas accuser de baisse de régime. Dans le genre, on lui préférera
The Woodsman ou
EvilEnko, mais le métrage de
Christian Alvart s’avère être une très belle surprise du cinéma allemand.
Hommage à Irréversible ?Cette silhouette n'a rien à faire dans le cadre...Note : 15.5/20