Wolf Creek (2004) Écrit & Réalisé par
Greg McLeanAvec
John Jarratt, Cassandra Magrath, Kestie Morassi, Nathan Phillips Voilà un film dont le maigre budget ne fait qu’appuyer les qualités. Le format DV confère à
Wolf Creek un aspect réaliste et « pris sur le vif » pour le moins dérangeant. Le numérique pourrait en effrayer plus d’un, à commencer par moi, mais le génie de
Greg McLean change considérablement la donne. Grandement aidé par le jeu presque parfait des 4 acteurs principaux, nous sommes littéralement captivés par une histoire qui partait pourtant pour ressembler à beaucoup d’autres. Un Australien et deux Anglaises quittent les plages de Sydney pour faire un tour du côté du Cratère de Wolf Creek, site mythique réputé pour ses apparitions d’OVNI. L’ennui, c’est que ledit Cratère se situe au beau milieu du désert et que la voiture des 3 jeunots tombe en rade. Ils sont gentiment remorqués par un gars du coin. Si ce dernier paraît sympathique de prime abord, ses motivations sont tout autres… Un scénario qui n’a rien d’exceptionnel en soi mais dont le rendu se veut bluffant. Il faut le voir pour comprendre. À noter que la bande originale participe amplement à cet état de fait. Le score se veut en harmonie parfaite avec le métrage. Juste, terrifiant, magnifique. Les compositions demeurent simples mais drôlement efficaces.
On pouvait craindre le pire à l’annonce d’une virée entre potes en direction du trou du cul du monde. Mais force est d’admettre que
Wolf Creek contourne magistralement les clichés attendus. Ici, pas de poufiasses siliconées connes comme leurs pieds ; mais deux jeunes femmes mâtures, pudiques et intelligentes. Pas de demeuré ne pensant qu’à boire, baiser, fumer ; mais un type simple, réservé, ne se prenant pas pour un playboy ni un super-héros. Et quand bien même, deux du groupe décident de se mettre ensemble, pas d’embrassade ni de léchouillages intempestifs ; mais un rapprochement touchant et discret. On est loin des stéréotypes éculés que nous sert une production hollywoodienne sur trois. Bien que le scénario de
McLean ne soit pas étranger à l’affaire, c’est surtout la performance de nos 3 jeunes acteurs qui fait de
Wolf Creek une somptueuse réussite. Sans oublier la prestation de
Nathan Phillips en pervers sexuel, malsain, craspec et rebutant.
Malheureusement,
Wolf Creek comporte tout un tas de défauts et pas des moindres. Si la réalisation, les acteurs, la musique et même toute la première heure du film se révèlent irréprochables, c’est du côté du scénario (restant) que ça coince. En effet, alors que les personnages réagissaient de manière logique, voilà que Liz (l’une des deux Anglaises) se met à faire du grand n’importe quoi – balançant son seul moyen de transport dans le ravin afin de faire croire à son agresseur qu’elle s’y est plantée (alors qu’elle aurait pu tout aussi bien se tirer avec !), retournant au camp de tortures pour trouver une autre échappatoire. Des petits détails qui pourrissent considérablement la trame de
Wolf Creek, et qui nous font durement quitter l’intensité du film.
Malgré des incohérences monumentales, une histoire simple, un format vidéo bon marché,
Wolf Creek s’impose comme l’un des meilleurs films d’horreur des années 2000.
Greg McLean nous montre que l’on peut faire de l’or à partir de presque rien, et se propulse par là-même au rang des réalisateurs-scénaristes les plus prometteurs de ce siècle. Encore une carrière à suivre de très près…
Réalisation : 4.5/5
Histoire : 3/5
Acteurs : 4.5/5
Musique : 4/5Note : 16/20